Episode 8

Escapade

Laissez-moi vous raconter une autre histoire. Pas une histoire drôle, ça non. Pas triste non plus, cela dit. Pas phénoménale, mais pas banale. Originale. Une histoire d’aléatoire, de voyage et de visite. Une expérience, une (in)conscience.

Nous retrouvons ce cher (z)héros un lundi en début d’après-midi. Il se réveille, ni frais ni pimpant, l’esprit embrumé par le sommeil. Programme du jour : le même que la veille. Donc rien. Ce qui est assez contre-intuitivement on ne peut plus fatigant. Alors commence-t-il à réfléchir à l’arbre des possibles qui s’offre à lui. Une balade est envisageable. Mais en plein après-midi, il y a un risque de croiser des gens. Brr, effrayant.

Il se décide alors à appliquer un principe qui a fait ses preuves à de nombreuses reprises : Si tu as un problème, dors dessus. Seulement au réveil, la tâche est complexe. Ne manquant pas de ressources, cette jeune personne applique une autre méthode qui a tout autant fait ses preuves : Si tu as un problème, lave-le, et toi avec. Il est important de noter à ce stade qu’il est tout à fait possible d’alterner les deux méthodes si le problème s’avère trop complexe − l’ordre dans lequel les appliquer est laissé à la discrétion du lecteur. Cependant, pour des motifs de santé autant que pécuniers, il est déconseillé d’essayer les deux conjointement.

Alors que l’eau ruisselle à ses pieds, une intuition commence à germer. Une idée qui pourrait sembler folle, mais terriblement séduisante. Un léger sourire commence à se dessiner sur son visage, qui s’élargit peu à peu, dévoilant les dents une par une. Si le rideau de douche avait une conscience, sans doute aurait-il eu peur de finir en amuse-bouche.

Séché, habillé, et peigné − non, la dernière n’est pas vraie. Le personnage principal commence à rassembler quelques affaires dans un sac. Vêtements de rechange, trousse de toilette, passeport, porte-feuille. Enfin, n’oublions pas le principal : liseuse et ordinateur. Après avoir enfilé ses mitaines et attaché ses cheveux, départ ! Direction la gare.

Le trajet en bus semble passer en un éclair. Arrivé à la gare, consultation de la liste des destinations. Deux lignes sont possibles : Est ou Nord. Ayant déjà voyagé le long de la première, le Nord s’impose. Quant à la destination, il irait à Emmaboda, ville extrêmement réputée pour ses … − non en fait ça sonnait bien. Distance, inconnue. Temps de trajet, inconnu. Heure du prochain train, inconnue.

Alors que tout aurait pu mal se passer, le contraire se produisit. Un train était à quai et près à partir dans les deux minutes. Le wagon était quasiment vide, à l’exception d’une dame âgée à l’opposée. Après un peu moins d’1h30 de voyage, arrivée en vue de la destination. Il ne restait qu’à trouver un logement et de quoi se sustenter, il était alors 17h30. Pour le pied-à-terre, notre sujet avait aperçu un hôtel à travers la vitre du train et l’affaire fut prestement conclue. Pour la nourriture, il a trouvé de quoi faire une salade dans un supermarché à côté. Alors qu’il commence à se faire tard, il s’endort dans l’optique de profiter du lendemain.

Objectif échoué. Il est 10 heures passés quand notre cher personnage émerge. Tant pis, c’est l’heure de visiter la ville. Quelle ne fut pas sa décéption en s’apercevant que cette cité était aussi charmante que minuscule. Moins d’une heure plus tard le voilà revenu à son point de départ. Cependant, cela s’est révélé fructueux, il peut désormais planifier la suite.

Premier arrêt après le repas : l’imprimerie. Voilà des semaines qu’il cherche un stylo plume, et impossible de mettre la main dessus dans ce pays qui avait pourtant l’air si civilisé. Après une longue discussion avec le gérant, due en partie au fait qu’il est compliqué de décrire un objet inconnu à un interlocuteur, notre protagoniste arrive à un accord : il repasserait demain voir les propositions des fournisseurs.

Première étape accomplie, il va donc dans un café à côté pour lire/travailler le reste de la journée. Le soir ressemble en tous points au précédent (supermarché, salade, boulot, dodo). Ah non, pas tout à fait puisque pas dodo. Juste boulot. Au moins, aujourd’hui il ne raterait pas le petit-déjeuner de l’hôtel.

Un peu après 6h du matin, après avoir mangé, le voilà qui lui prend l’envie de se balader un peu − et pourquoi pas écrire un article à 4h30 non plus. Retour à la chambre, préparation, retour des clés, et le programme est le même pour ce jour-ci que pour le précédent : Rencontre avec l’imprimeur pour choisir le stylo-plume, puis direction le café pour lire/travailler.

En milieu d’après-midi, voilà le (z)héros reparti vers la gare d’Emmaboda… pour voir le train qu’il devait prendre lui filer sous le nez. Tant pis, il y a un autre café à côté de la gare, et il n’y a qu’une heure d’attente jusqu’au prochain. Tranquillement installé alors qu’il buvait un café mais aussi les mots de Sun Tzu, voilà qu’un croate l’aborde et commence à discuter. De l’art d’être coupé dans ses pensées.

Mais voilà le train qui arrive, le wagon étant un peu plus rempli qu’à l’aller néanmoins. Chose étrange, le voyage s’est déroulé encore plus vite et il eu l’impression qu’à peine le train parti il était déjà de retour dans sa chambre. À peine rentré, cela faisait un peu plus de 24h qu’il était éveillé. Juste le temps de se débarasser de ses affaires que ce cher sujet rejoignait une fois encore les bras de Morphée.

Cet histoire m’est parvenue sous la forme d’un rêve, et toute ressemblance avec des personnes, des lieux ou des évènements ayant existés serait bien évidemment fortuite.